Le président français Emmanuel Macron a annoncé jeudi la fin de l’opération Barkhane, notamment au Mali. Il s’agit d’une « transformation profonde » de la présence militaire française au Sahel, et la mise en place d’une alliance internationale antijihadiste dans la région, a-t-il précisé.
« À l’issue de consultations (..) nous amorcerons une transformation profonde de notre présence militaire au Sahel », a-t-il dit lors d’une conférence de presse, annonçant la « fin de l’opération Barkhane en tant qu’opération extérieure » et la mise en œuvre « d’une alliance internationale associant les États de la région ».
La « transformation » de l’opération Barkhane au Sahel va passer par la fermeture de bases de l’armée française et par la priorité donnée à la lutte contre les jihadistes par les forces spéciales, a annoncé Emmanuel Macron. La lutte contre le terrorisme sera faite « avec des forces spéciales structurées autour de (l’opération) Takuba avec évidemment une forte composante française - avec encore plusieurs centaines de soldats - et des forces africaines, européennes, internationales », qui « aura vocation à faire des interventions strictement de lutte contre le terrorisme », a-t-il précisé.
La lutte continue au Sahel
La force Takuba est un groupement de forces spéciales européennes initié par la France qui rassemble aujourd’hui au Mali 600 hommes dont une moitié de Français, ainsi que quelques dizaines d’Estoniens et de Tchèques et près de 140 Suédois.
Le président français n’a cependant pas donné de date, ni détaillé les réductions d’effectifs, expliquant qu’il communiquera de nouveau sur le sujet à la fin du mois. Huit ans après l’arrivée de la France au Mali, le constat du président français était plutôt amer jeudi. Pour le chef de l’État il est impossible de se « substituer au retour de l’État et des services de l’État, à la stabilité politique et au choix des États souverains ». « Nous ne pouvons pas sécuriser des zones qui retombent dans l’anomie parce que les États décident de ne pas prendre leurs responsabilités, c’est impossible, ou alors c’est un travail sans fin », a-t-il critiqué.
« Pas de dialogue » avec les jihadistes
Paris déploie actuellement quelque 5 100 soldats contre les jihadistes affiliés au groupe État islamique (EI) et à Al-Qaïda, pour soutenir les armées affaiblies des États du Sahel qui peinent à les combattre seules. Emmanuel Macron a également profité de cette conférence de presse pour envoyer plusieurs messages au Mali, avec lequel la France a annoncé le gel de ses opérations militaires conjointes après un putsch le 24 mai dernier.
Il a notamment donné une condition claire pour la reprise de ces opérations : l’engagement « clair » des autorités de transition à ne pas dialoguer avec les jihadistes. « On ne peut pas souffrir l’ambiguïté. On ne peut pas mener des opérations conjointes avec des pouvoirs qui décident de discuter avec des groupes qui, à côté de cela, tirent sur nos enfants. Pas de dialogue et de compromission », a-t-il martelé.