ECOUTER EN DIRECT

Fespaco : La Charte d’Alger

Ceci est la Charte de la fédération panafricaine des cinéastes adopté le 18 janvier 1975. Un texte avant-gardiste qui montre l’engagement de ces artistes pour l’émancipation de la culture du continent.

« Les sociétés africaines contemporaines vivent encore une situation objective de domination s’exerçant  sur plusieurs plans : politique, économique et culturel. La domination culturelle, d’autant plus dangereuse qu’elle est insidieuse, impose à nos peuples des modèles de comportement et des systèmes de valeur dont la fonction fondamentale est de renforcer l’emprise idéologique et économique des puissances impérialistes. Les canaux principaux par lesquels passe cette domination sont fournis par les nouvelles technologies de communications : livre, audio-visuel et tout particulièrement le cinéma. Ainsi, face à cette situation de domination et extraversion culturelle, est-il nécessaire et urgent de reposer, en terme libérateurs la problématique interne de développement et du rôle que doit jouer, dans cette démarche globale et multidimensionnelle, la culture et plus particulièrement le cinéma. Afin d’assumer un rôle réel et actif dans le processus global de développement, la culture africaine doit être une culture populaire, démocratique et progressiste, s’inspirant de ses propres réalités et répondant à ses propres besoins. Elle doit également être solidaire de toutes les cultures militantes du monde. Le problème n’est pas de chercher à rattraper les sociétés capitalistes développées mais plutôt de permettre aux masses de s’approprier  les moyens de leurs propres développements, en leur donnant l’initiative culturelle par l’exploitation des ressources de la création populaire complétement libérée. Dans  cette perspective, le cinéma à un rôle primordial à jouer parce qu’il est le moyen d’éducation, d’information et de prise de conscience, et également un stimulant de créativité. La réalisation  de tels objectifs suppose une interrogation des cinéastes africains sur l’image qu’il se fait de lui- même, sur la nature de sa fonction et de son statut social, et d’une façon générale sur sa situation au sein de sa société. L’image stéréotypée du créateur solitaire et marginal, répandue dans la société capitaliste occidentale, doit être rejetée par le cinéaste africain qui doit au contraire se considérer comme un artisan créatif au service de son peuple. Elle nécessite aussi une grande vigilance de sa part à l’égard des tentatives de récupération idéologique de l’impérialisme, qui redouble d’efforts pour maintenir, renouveler et accroitre son emprise culturelle. Dans ce cadre, le cinéaste africain doit assurer une solidarité agissante avec les cinéastes progressistes du monde entier qui mène la même lutte anti-impérialiste. Par ailleurs, la considération de rentabilité commerciale ne saurait être une norme de référence pour le cinéaste africain. Le seul critère de rentabilité à considérer  en l’occurrence est de savoir qu’il exprime les besoins et les aspirations populaires et non ceux des groupes d’intérêts particuliers. L’engagement nécessaire du cinéaste ne saurait,  en aucune façon, signifier sa subordination. L’Etat doit jouer un rôle promotionnel dans l’édification d’un cinéma national libre des entraves de la censure ou de tout autre moyen de coercition susceptible  d’amoindrir la liberté de création du cinéaste et exercice démocratique et responsable de sa profession. L’exercice de cette liberté d’expression du cinéaste est, en effet, une des conditions indispensables pour sa contribution au développement du sens critique des masses et l’épanouissement des virtualités populaires ».

Source IIème Congrès de la FEPACI

                   Adopté à l’unanimité, par le IIème Congrès de la FEPACI à adpoté à Alger, le 18 janvier 1975  

Pulsar Communication SARL

Adresse:

Boulevard des Tansoaba Immeuble Nassa 01 B.P. 5976 - OUAGADOUGOU 01

Adresse email:

info@monpulsar.com