Vous avez certainement entendu parler de Boensyaaré. Sans doute, vous ne vous êtes pas posé des questions pour savoir c’est quoi Boensyaaré ? Qu’est-ce qu’on y vend ? Une équipe de notre rédaction y a fait un tour le lundi 29 août 2022 et s’est entretenue avec les commerçants de ce marché. Dans cet article vous trouverez des réponses à toutes ces interrogations.
Boensyaaré est un marché situé entre le quartier Kalgondé et celui de 1200 logements et fait frontière avec le côté-est du mur de l’aéroport de Ouagadougou, juste avant le canal. La particularité de Boensyaaré est que c’est un marché aux puces. On y trouve toute catégorie d'objets usés, collectionnés et mis en tas. On y trouve des vieilles bouteilles de toute nature, des tôles usées, des vieilles fenêtres et portes, des peaux d’animaux sauvages tels-que le lion, l’hyène, le tigre, et d’animaux domestiques, comme des chats noirs ; et aussi des oiseaux de toutes sortes de plumage. On y trouve en outre, des menuisiers, des ferrailleurs, des soudeurs, et même des bricoleurs. C’est un marché qui, au-delà de l’hétérogénéité de ses marchandises, est difforme. Auparavant, Boensyaaré n’était pas un marché aux « puces », on y vendait que des ânes, nous confie Monsieur Ouédraogo « Le créateur », se fait-il appelé. Son esprit créatif lui a valu ce surnom de « créateur » que tout le monde l’appelle affectueusement à Boensyaaré. Le principal travail pour les gens de ce marché d'objets usés c’est le « recyclage ». C’est le lieu où les matériels usés retrouvent une seconde vie parmi les hommes. « Quand on dit Boensyaaré, il faut savoir que c’est le marché des saletés. Notre boulot ici c’est le recyclage. Tu vois tous ces objets usés en tas, des gens se nourrissent dans ça, et ce sont des millionnaires. Quand on jette quelque chose aujourd’hui, il faut savoir qu’il y a quelqu’un d’autre qui l’utilise pour en faire autre chose », nous a-t-il fait savoir. Le Burkina Faso étant un sol hostile à la production de l’hévéa, ces objets usés et particulièrement ceux en plastique sont utilisés pour la fabrication des chaussures, des bols, et des assiettes.
- Ouédraogo « Le créateur » fait le recyclage des vieux réfrigérateurs, répare des glacières avec des vieux matelas, fabrique des moules de gâteaux, des fours, des étagères, à l’aide des vieilles tôles qu’il collectionne. « Même les sacs qu’on jette nous les récupérons pour les recycler en les rendant neufs et les revendre à ceux qui n’ont pas les moyens de s’en acheter dans les magasins », ajoute-t-il.
Les bouteilles quant à elles sont recyclées et vendues à l’intérieur du pays dans les villes comme Fada, Tenkodogo, Ouahigouya, et Bobo ; et à l’extérieur, dans des pays comme le Bénin, le Ghana, et même le Mali. Dramane Taïta vit de ce commerce et s’y connaît très bien. À l’en croire, le marché des bouteilles se fait par « relation » à Boensyaaré. Il dispose des clients dans les pays préalablement cités qui viennent acheter ces bouteilles pour les revendre à des particuliers qui y mettent des produits de toute nature. Avec ce commerce, M. Taïta dit convoyer un ou deux camions remorques par mois. Selon ce dernier les acheteurs impriment leurs propres marques sur les bouteilles, et une bouteille peut faire l’objet de plusieurs recyclages.
En plus de Dramane Taïta et de M. Ouédraogo « Le créateur », il y a Madi Ouédraogo, qui est aussi commerçant à Boensyaaré. Lui, il vend des restes et des peaux d’animaux. Avec ce commerce, il prend soin de sa famille. Ses clients sont principalement les tradipraticiens qui évoluent dans la médecine traditionnelle. Il se procure ses marchandises avec les gens des campagnes. La difficulté dont fait face Madi Ouédraogo ainsi que tous les autres commerçants qui vendent des produits de même nature c’est « le manque d’espace de séchage ». La conservation des peaux et des restes d’animaux est très compliquée et demande du temps, selon lui. En effet, dès qu’il achète des peaux fraîches, il doit les mettre au soleil jusqu’à ce qu’elles deviennent sèches, et là aussi il faut veiller de sorte à ce que les souris et autres insectes n’y aient accès.