À Ouagadougou, il y a plusieurs variétés de commerce qui nourrissent bien son homme parmi lesquels la vente de la friperie. C’est un domaine « serré » où existe « la concurrence », mais génère beaucoup des bénéfices pour ceux qui s’y donnent à fond. Le lundi 29 août 2022, nous étions au grand marché où nous avons rencontré Assami Compaoré et « Manager », tous des vendeurs de friperie.
« Les clients sont mélangés, il y a des fonctionnaires, des commerçants, des étudiants et même des stars », a déclaré Assami Compaoré, vendeur de friperie avec son frère au grand marché de Ouagadougou.
Lui et son frère se procurent ces vêtements grâce à leur aîné basé au Canada. Il achète les balles et les envoie au port de Lomé. C’est de là que les balles sont transportées jusqu’à Ouagadougou, où elles sont défaites et revendues en gros ou en détail. Pour ces deux vendeurs, en se donnant à fond on peut bien vivre du commerce de la friperie. Pour preuve, ils ne vivent que de la vente de ces vêtements d’occasions, et arrivent à s’occuper de leur vie. Le risque dans ce commerce, selon Assami, c’est lorsqu’on ne connaît pas bien le domaine avant de s’y lancer. « La friperie, il faut connaître le domaine avant de s’y lancer, si tu ne connais pas le domaine et tu t’y lance ça ne va pas donner (…) même avec des milliards tu vas échouer », a-t-il soutenu. En ces périodes de pluies, Assami n’arrive pas à vendre comme d’habitude. À chaque averse, il est obligé de plier bagage dans son magasin. En tant que spécialistes du domaine, lui et son frère se sont dotés d’une technique de marketing propre à eux. Ils disposent des petits revendeurs postés au dehors du grand marché et qui proposent leurs articles aux passants et aux clients. Une fois que le client veut des vêtements en quantité élevée, il est vite conduit au magasin pour satisfaire ses choix.
Le frère de Assami Compaoré, quant à lui s’est fait surnommer « Manager » dans le domaine. Pour le moment, il note une augmentation du prix des balles au niveau international, ce qui fait que la balle qui se vendait à 50 000 FCFA se vend à 75 000FCFA. L’absence de port au Burkina rend difficile le trafic des balles au Burkina, et du même coup rend le coût de la balle élevé. Néanmoins, il indique que le marché est fructueux, parce que « les gens commencent ici au Burkina, à porter friperie plus que prêt-à-porter ». Selon lui, sept ans en arrière, le Burkinabè n’aimait la friperie, quand on la lui présentait, il disait en ces termes « qui va porter yougou yougou ?». Mais maintenant, ce complexe est fini, a-t-il fait remarquer. Aujourd’hui par jour, Manager enregistre « au moins 30 clients » qui viennent acheter dans son magasin. Ces clients, la majorité achète plus de 10 vêtements. Sa joie, c’est lorsque les artistes (certains devenus des fidèles clients) viennent. À l’en croire, ils achètent en quantité élevée pour eux-mêmes et pour leurs danseurs et tout le staff. Même s’il arrive à faire des bonnes affaires avec ses clients, il reconnaît cependant que le domaine est « serré et la concurrence présente ». Il existe aussi des associations de vendeur de friperie, et aussi des foires à friperie.
Pendant que nous y étions, des clients ne cessaient de descendre dans son magasin, discutant çà et là avec ses employés. L’un d’entre eux, jeune d’environ 19 ans, du nom de Izac Djiguimdé s’est prêté à notre micro. « Je suis venu pour m’acheter des joggings. Quand je viens ici, je les achète à bas prix 2500f ou 3000f. C’est moins cher. J’ai l’habitude de payer ici », nous a-t-il déclaré. Un autre client prénommé Dominique n’a pas caché aussi son amour pour la friperie. « Il y a des pantalons que je trouve spéciaux ici. À chaque fois que j’ai besoin des vêtements, je passe ici faire mes achats. Je me sens à l’aise en mettant des vêtements issus de la friperie. Il y a plusieurs qualités, c’est à toi de choisir ton goût », a-t-il avoué. Pour lui, les vendeurs de friperie sont les seuls avec qui on peut se procurer des vêtements à moindre coût et résistants. Ce commerce de friperie connaît visiblement une grande prolifération au sein de la population Ouagalaise. Partout, aux abords des voies publiques, dans les marchés et autres, on manque rarement de voir une touffe de friperie sous le regard bienveillant de son propriétaire qui, avec des clients ne tarit jamais d’arguments.