La deuxième journée du procès Dabo Boukary s'est ouvert le mardi 20 septembre 2022 à 9h devant la chambre criminelle de la cour d’appel de Ouagadougou . Dans cette journée, plusieurs témoins dont des témoins directs des évènements du 16 et du 19 mai 1990 qui ont conduit à l'assassinat de l'étudiant en 7e année de médecine, Dabo Boukary, se sont présentés devant la cour.
Le premier témoin à passer à la barre est Georges Marie Compaoré. Il était le chef de compagnie en service au Centre national d'entraînement commando. Selon lui, c'est " le lendemain (du 19 mai 1990) dans l'après-midi" qu'il a appris qu'il y a eu mort d'homme au conseil de l'entente. À l'en croire, l'ordre d'enterrer feu Dabo Boukary à Pô, serait venu "d'un côté civil".
Le deuxième témoin à avoir comparu est Bertin Somda. Il était le chef d'état-major Général de la gendarmerie au moment des faits. Sur cette affaire de l'assassinat de Dabo Boukary, il a déclaré : "En réalité je n'en sais rien, j'ai appris l'affaire par les médias". À en croire à ce dernier, il a seulement entendu parler de ces événements du 16 et du 19 mai 1990 sans autre information de plus ni de compte rendu. De mémoire il sait que le Centre national d'entraînement commando agissait sur le campus sans l'aval de la gendarmerie dont les missions étaient de cadrer des pareils événements. "Du point de vu de la modalité ce n'est pas normal (que le CNEC agisse sur le campus)", a-t-il soutenu.
L'actuel ministre de la sécurité Omer Bationo aussi est passé à la barre pour témoigner. Il a déclaré à la cour "je n'ai pas grande chose à dire parce que tout simplement je n'étais pas là" au moment des faits.
Cependant un autre témoin, Abel Tougma, étudiant à l'époque, présenté à la barre ce jour, a déclaré avoir vu Omer Bationo lorsqu'il avait été ramené au conseil de l'entente, suite à son arrestation à Pama.
"J’ai été remis au lieutenant Traoré Oumar, mais Omer Bationo était bel et bien présent sur les lieux. Il était arrêté juste derrière Traoré Oumar", a soutenu l'étudiant.
À noter qu'au moment des faits, Omer Bationo était sous-lieutenant et commandait, au sein du CNEC, la compagnie d'éclairage et d’assistance. Il a insisté sur son absence au moment des faits.
Selon un autre ancien étudiant du nom de Jean Yves Sansan Kambou, qui était dans la même cellule que Dabo Boukary, ils avaient été enfermés dans des "toilettes abandonnées". Ils ont été "copieusement battus par des cordelettes" avant d'être ramenés dans leur cellule où Dabo Boukary a succombé. Selon ce témoin, les dernières paroles de Dabo Boukary ont été : " pardonnez, pardonnez, je ne le ferai plus". Toujours selon le témoin, c'est après ces paroles qu'un militaire est venu constater la mort de feu Dabo Boukary.
Procès Dabo Boukary : les révélations troublantes des témoins
Oumpounini MANDOBIGA (stagiaire)