Revenu fin 2021 en Guinée après douze ans d’exil, l’ancien militaire est au cœur d’un procès sur un massacre en 2009
Evasion ou enlèvement ? Quelques heures après l’attaque violente sur la prison civile de Conakry, en Guinée, l’incertitude demeure. « J’ai appris qu’il y a eu évasion à la prison civile de Conakry qui concernait mon client Moussa Dadis Camara », a dit à l’AFP son avocat Jocamey Haba. Il a évoqué la possibilité que son client ait été emmené contre son gré.
Mais ce n’est pas n’importe quel client. Dadis Camara est l’ancien chef de la junte militaire. Au pouvoir entre 2008 et 2010, avant d’être victime d’une tentative d’assassinat, le dictateur a passé douze ans en exil au Maroc et au Bukina Faso. Autorisé à revenir en Guinée après un nouveau coup d’Etat militaire en 2021, il y est jugé depuis plusieurs mois pour sa responsabilité dans les massacres du 28 septembre 2009, lorsque l’armée avait tiré sur des manifestants. Dadis Camara nie en bloc depuis le premier jour du procès, en septembre 2022, sa responsabilité, évoquant un « complot » le visant.
« Il a confiance en la justice de son pays »
Au moins deux autres anciens responsables actuellement jugés comme le capitaine Camara ont également été extraits de la prison, selon des avocats et une source judiciaire. Un groupe de militaires masqués et lourdement armés est arrivé vers 4 heures devant la prison dont ils ont forcé les accès, a dit une source judiciaire sous le couvert de l'anonymat compte tenu de la sensibilité du sujet. Ils ont déclaré « être venus libérer le capitaine Dadis Camara », a-t-elle dit.
À l'intérieur, les assaillants, qui semblaient connaître les lieux, se sont dirigés vers la cellule du capitaine et l'en ont extrait ainsi que d'autres détenus pour les emmener vers une destination inconnue, a-t-elle ajouté. « Je continue de penser qu'il a été enlevé. Il a confiance en la justice de son pays, c'est pourquoi il ne va jamais tenter de s'évader », défend l'avocat de l'ex-dictateur. « Sa vie est en danger », a-t-il assuré