L'armée somalienne pourra prendre le relais des forces de l'Union africaine censées quitter le pays fin 2024, a assuré mardi le président somalien Hassan Cheikh Mohamoud, qui a jugé "encourageants" les résultats obtenus dans l'offensive, actuellement en pause, contre les islamistes radicaux shebab.
Lancée en août 2022 dans le centre du pays, cette offensive contre le groupe affilié à al-Qaïda qui mène depuis 16 ans une insurrection contre les autorités somaliennes, a réalisé des progrès notables mais a marqué le pas ces derniers mois.
L'armée somalienne, associée à des milices claniques, a bénéficié de l'appui de la force de l'Union africaine (Atmis), pour reprendre de vastes zones du territoire, notamment dans le centre du pays.
L'Atmis, composée de troupes du Burundi, de Djibouti, d'Éthiopie, du Kenya et d'Ouganda, devait entamer une deuxième phase de retrait en septembre, avec le départ de 3 000 soldats, mais le gouvernement somalien a demandé et obtenu un report de trois mois.
"Cela a coïncidé avec un moment où nous avons eu quelques revers (...) et nous avons eu du mal à nous réorganiser", a reconnu Hassan Cheikh Mohamoud mardi lors d'une conférence à Londres organisée par le think tank Royal United Services Institute.
"Mais maintenant nous sommes prêts. Nous pouvons prendre le relais en décembre", a-t-il ajouté, précisant que ce retrait concernait également la sécurité de la présidence somalienne.
Interrogé sur d'éventuels nouveaux délais que pourraient être amenés à demander son gouvernement d'ici à la fin 2024, il a assuré que "nous ne le ferons pas", le pays étant en train de combler son manque de soldats formés.
"Nous sommes dans une meilleure situation qu'avant, et en 2024, alors que le retrait progressif va se poursuivre, nous créerons aussi plus de forces (...) Nous sommes très confiants sur le fait que nous pourrons assumer la responsabilité de la sécurité du pays", a insisté Hassan Cheikh Mohamoud, qui était à Londres pour assister à un sommet sur la sécurité alimentaire mondiale.
Et il a réitéré la détermination de son gouvernement à engager une "deuxième phase" de son offensive, "dans le sud-ouest et dans (l'État du) Jubaland", fief historique shebab. "La situation du combat contre les shebab est encourageante" a-t-il fait valoir.
"Je pense que nous vaincrons militairement les shebab bientôt", a ajouté le dirigeant, tout en prévenant qu'"éliminer" l'aspect "idéologique" du mouvement islamiste serait plus long, en particulier dans les zones restées longtemps sous le contrôle du groupe.
Soutenu par la communauté internationale, le gouvernement contrôle essentiellement les villes, dont la capitale Mogadiscio. Les shebab restent implantés dans de vastes zones du sud et du centre.