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Les États-Unis, l'Union européenne et, depuis mercredi, la France, ont tous reconnu et dénoncé le soutien du Rwanda au groupe rebelle M23, qui sévit dans l'est de la République démocratique du Congo (RDC).
Cette reconnaissance internationale de l'implication rwandaise dans le conflit armé qui ravage la région depuis des décennies est perçue comme une étape importante par les autorités congolaises.
Cependant, elles estiment que ces mesures ne suffisent pas à elles seules à mettre fin au soutien rwandais au M23, et appellent à des sanctions plus fermes à l'encontre de Kigali.
Critique du protocole d'entente entre le Rwanda et l'Union Européenne
Dans un communiqué diffusé mercredi, le ministère congolais des Affaires étrangères a vivement critiqué le protocole d'entente signé le 19 février dernier entre le Rwanda et l'Union européenne. Ce protocole concerne les chaînes de valeur durables pour les minerais stratégiques tels que le coltan.
Selon le ministère, cet accord "encourage le pillage des ressources congolaises par le Rwanda" et va à l'encontre des efforts affichés de l'UE pour contribuer à la résolution de la crise à l'est de la RDC.
"Le Gouvernement congolais considère, par conséquent, la signature du Protocole en cause, intervenue, du reste, peu de temps après la déclaration à Kigali du Chef de l'État de la Pologne, pays membre de l'UE, de fournir au Rwanda des armes en cas d'attaque extérieure, comme un acte très inamical qui n'est pas de nature à favoriser la confiance mutuelle entre la RDC et l'Union européenne", a souligné Christophe Lutundula, Vice Premier-Ministre, ministre des Affaires Étrangères et de la Francophonie.
La diplomatie congolaise a également souligné que le Rwanda n'est pas un producteur de minerais stratégiques et que plusieurs enquêtes ont confirmé que ce pays se procure ces matières premières en RDC.
"Les enquêtes du Parlement congolais, des groupes d'experts de l'ONU et des organisations non gouvernementales nationales et internationales ont établi qu'à travers de multiples réseaux mafieux et des sociétés-écrans montées par ses dirigeants, le Rwanda tire ces minerais et autres matières premières stratégiques de la République démocratique du Congo qui en regorge en abondance", a précisé le chef de la diplomatie congolaise, Christophe Lutundula.
Kinshasa estime donc que cet accord ne peut qu'accentuer l'exploitation illicite de ses richesses naturelles et demande une clarification de l'Union européenne.
"Le Gouvernement de la République démocratique du Congo attend des autorités de l'Union européenne une clarification de ce comportement ambigu alors qu'elles ne cessent d'affirmer leur volonté de contribuer à la fin de la crise sécuritaire à l'Est du Congo ainsi que de l'exploitation illicite de ses richesses naturelles, et de renforcer la coopération de l'Union avec elle", a ajouté Christophe Lutundula.